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La vie ordinaire de prof en ZEP
28 mars 2013

Les médailles en chocolat

Encore un grand moment du trimestre : les conseils de classe... 

La semaine dernière, ceux des terminales. Deux cas de figure : les TL, où nous n'avons mis aucun avertissement travail, partant du principe que les élèves sont grands, que c'est à eux de prendre leurs responsabilités à quelques semaines du baccalauréat. De l'autre côté, les TSTG, où j'ai arrêté de compter les avertissements, travail, conduite et / ou assiduité (si, si ça existe!) au bout d'une dizaine - sur une classe de 28. Preuve de la grande qualité de cette classe, nous avons mis les "félicitations du conseil de classe" à l'élève qui majore...à 12 de moyenne. Mais au moins, ce fut rapide. On verra au troisième trimestre, lorsqu'il faudra émettre un avis pour le livret scolaire. 

Mais aujourd'hui, grande mascarade, le conseil de ma classe de seconde. Une très bonne classe, fait relativement rarississime dans l'établissement semble-t-il. A tel point qu'"on" (c'est-à-dire mes collègues, pour ma part j'ai du mal, cf. le 24 mars...) leur pardonne d'être casse-bonbon, de bavarder et de ne pas se mettre au travail en classe - peu importe, ils bossent chez eux et obtiennent entre 14 et 18 de moyenne générale. 

Déroulement type d'un conseil de classe : le professeur principal (PP pour les initiés) fait le bilan du trimestre, le proviseur reprend les mêmes mots pour bien montrer qu'il a tout compris, puis éventuellement donne la parole pour faire un tour de table. Ensuite, question aux délégués des élèves "avez-vous quelque chose à ajouter?", puis même question aux représentants des parents d'élèves. En règle général, cela va très vite. Surtout dans une classe comme celle-ci, qui ne rencontre aucun problème ni d'absentéisme, ni de discipline, et dans laquelle les élèves semblent tous bien s'entendre. 

Mais là, surprise, les élèves font remonter une remarque, dont ils ont pris connaissance la veille - soit après l'heure de "vie de classe" organisée par le PP pour préparer le conseil, pendant laquelle tout laissait penser que la classe était un monde de bisounours : "les élèves" se plaignent de la manière dont le professeur de physique rend les copies. Par ordre décroissant. Réaction étonnée du collègue, qui pratique ainsi - on en pense ce qu'on veut, mais c'est son choix- depuis 13 ans, et qui n'a jamais eu aucune remarque sur ce point. On s'interroge donc : combien d'élèves se plaignent? pourquoi cette remarque intervient-elle seulement le 28 mars? Mais au lieu de laisser couler, un des parents renchérit : en plus, "vous faites des remarques blessantes aux élèves", suivi de "vous ne faites pas EXACTEMENT le même cours quand vous avez les élèves en demi-groupe". A la première remarque, réponse - tout à fait normale dans ce cadre - du professeur : que les parents des élèves concernés prennent rendez-vous avec moi. Et le parent qui ne lâche pas : vous n'avez donc rien à répondre? Et le collègue : mais que voulez-vous que je réponde à une question aussi générale? Je ne vois pas à quoi vous faites référence, je ne pense pas faire ce genre de remarques. Le parent reprend sa liste de questions (une page recto-verso!) sur l'histoire des demi-groupes. Face à l'unanimité des professeurs contre lui - nous ne sommes pas des robots, nous ne faisons pas EXACTEMENT la même leçon avec deux groupes différents, car un cours est une interaction entre le professeur et les élèves! - il laisse finalement tomber, voyant que la perspective d'étudier une à une ses questions n'enchantait personne, des autres parents aux élèves en passant par le proviseur. Et une demi-heure de perdue. 

Début donc de l'étude au cas par cas des élèves. Le professeur d'allemand étant seule professeur de LV2 présente, le proviseur accepte qu'on "passe" ses élèves en premier, afin qu'elle puisse ensuite partir. Son refus au premier trimestre avait entraîné le départ dudit professeur...

Bref, lecture fastidieuse des bulletins, on regarde le français et les maths, bien sûr. Et la progression par rapport au premier trimestre. Ou parfois la régression. Et c'est là que le bât blesse. Car la pratique veut qu'on "récompense" les élèves, avec des félicitations quand tout est très bien, des compliments quand l'élève est un peu en-dessous mais bien au-dessus de ses petits camarades, et des encouragements pour marquer une dynamique positive, quels que soient les résultats. On peut donc encourager à 9 de moyenne, ce n'est pas le plus important. Mais là, un cas de figure bien étrange a vu le jour : on a encouragé un élève qui avait dégringolé en maths (moyenne divisée par deux), parce que le PP ne voulait pas complimenter. Le collègue de maths lui-même n'aurait pas été contre, si on avait un minimum insisté - il a juste soulevé le point suivant : l'élève avait les félicitations au 1er trimestre. Soit, mais avec 13,58 de moyenne générale, on peut complimenter malgré tout. Et bien non, parce dans cette formidable instance collégiale qu'est un conseil de classe, c'est celui qui parle le plus fort qui est entendu. Ou celui qui parle en dernier. Pour un peu que celui qui parle le plus fort parle en dernier - ou soit assis à côté du proviseur - il obtient gain de cause. De l'utilité de la délibération. 

Mais pour faire preuve d'un minimum d'objectivité, je dois noter malgré tout une évolution positive dans ce conseil de classe : l'histoire-géographie a été un peu plus prise en considération que d'ordinaire lorsqu'il s'agissait de se prononcer sur un passage en 1ère L (matière coefficient 4) ou ES (coefficient 5). Car jusque là, j'assistais impuissante à des délibérations du type : pour aller en L, il s'en sort en français et n'est pas trop mauvais en langue, c'est bon, et pour aller en ES, il s'en sort à peu près en français et en maths, c'est pas terrible, mais on fera avec. Un progrès donc. Pérenne? Allez savoir. Qui vivra verra. Ou plus précisément : le 3ème trimestre le dira. 

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