Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La vie ordinaire de prof en ZEP
8 avril 2013

Despicable pupils

C'est décidé, j'arrête les contrôles. Après tout, les nouveaux pédagogues insistent tous sur le fait que l'évaluation ne passe pas forcément par le traditionnel contrôle sur table! 

En effet, la journée fut dure, pour changer, mais dans un nouveau genre. 

Première heure de cours, des secondes. Devoir prévu pour il y a quinze jours (le fameux lundi de la panne de réveil). Sur ce point, pas de contestation, les élèves ont sorti leur stylo sans protester. Mais à la lecture des questions, les protestations ont jailli : "madame, on comprend pas", "madame, la question 1 et la question 4, c'est la même?", "madame, ça veut dire quoi durable?"... et ainsi de suite pendant vingt bonnes minutes. Il s'agissait pourtant de bêtes questions de cours, sur les risques, un tremblement de terre et un cyclone, dans les pays riches et dans les pays pauvres, puis une comparaison des deux types de pays. Le même contrôle, à la virgule près, donné dans une autre classe (dans un autre établissement) l'an dernier, fait sans aucun problème. Ils vont donc m'entendre, lundi prochain, pour leur expliquer qu'il aurait peut-être fallu écouter un minimum en cours et apprendre un maximum leur leçon. A quoi ils vont sans doute oser répondre "mais on n'a pas de cours". Certes, il aurait fallu prendre des notes! Et les documents font partie du cours, si, si, ce ne sera que la énième fois que je le répère depuis le mois de septembre. Enfin, le programme de seconde étant centré sur la notion de développement durable, "durable" sous-entend nécessairement "développement durable", donc un développement qui mêle harmonieusement la croissance économique, les progrès sociaux et la protection de l'environnement. Pour faire court. Eh bien non, pour eux, au mois d'avril, durable, c'est qui dure longtemps. Là, j'entends la petite voix de l'ordi baby de ma petite soeur qui répète en boucle "essaye encore"...

Après ça, deuxième heure de cours, les premières. Là aussi, contrôle prévu. "Ah mais non madame, on a un DST cet après-midi". Oui, et lundi prochain aussi. Et celui d'après. Je sais, vous avez une plage horaire de DST le lundi après-midi. Pas de chance, mon cours est le lundi matin. Alors quoi? on ne fait pas devoirs? "Et puis on a perdu du temps, on n'aura pas une heure". Certes, on m'a dit qu'on changeait de salle pour cause de bac blanc et je me suis retrouvée avec une autre classe en face de moi, léger problème. Mais là, la solution fut rapidement négociée, pour mon confort nerveux et dans la mesure où même si j'avais cédé en désespoir de cause, je n'avais absolument RIEN de prévu sur moi : "vous le faites à deux". "On peut le faire à trois?". Oui, bien sûr. J'aurai encore moins de copies. Ce dont ils ne se rendent pas compte, c'est qu'ils ne sont absolument pas efficaces à deux ou trois, et qu'un devoir dont ils connaissaient le sujet depuis trois semaines, fait avec leurs notes de cours et tous les documents étudiés pendant la séquence, je vais être intransigeante et ne rien lâcher sur mes attentes... Tant pis pour eux. 

Puis vint la récréation. Une photocopieuse en panne, tous les collègues se rabattent sur l'autre. Rien de plus normal jusque là. Sauf qu'en tant que trop gentille bonne poire, ayant 30 polys de 14 pages recto-verso agrafées à faire, je laisse passer deux personnes avant moi. Et lance mes impressions. Economie de papier ne rimant pas avec rapidité, elles prennent de (trop) longues minutes, ce qui laisse le temps à la directrice des études (quel que soit son titre) de me sauter dessus "les terminales sont inquiets, ils ne savent pas en quoi consiste l'épreuve orale de la semaine prochaine, tu peux leur préparer un topo?". Ok, c'est juste que je suis de surveillance de bac blanc de philo. Petit malentendu - au sens propre?- elle me répond "ça peut attendre". J'ai compris que la surveillance pouvait attendre, pas les photocopies du fameux topo. En fait non, il fallait que je relaye une collègue que des quatrièmes attendaient... et qui m'a donc reçue plutôt énervée à mon arrivée dans la salle de l'épreuve... Vu mon état, je l'ai super bien pris, évidemment... D'autant que l'oral dont les élèves prétendent ne pas connaître les modalités, elle est aussi en partie responsable de sa préparation - mais ne semble pas plus au courant qu'eux. Je dois donc dire que son regard noir, plus les mensonges des élèves à la direction, m'ont achevée pour la journée. 

Car ce n'est pas comme si depuis le premier cours de l'année, je leur présente régulièrement cette fameuse épreuve. Pas comme si à deux reprises, sous deux formes différentes, ils avaient déjà eu par écrit les modalités précises du déroulement de cette épreuve. Pas non plus comme s'ils avaient en leur possession la grille officielle d'évaluation, ou une liste de questions susceptibles de leur être posées. Mais non, ils ne connaissent pas les modalités de l'épreuve. Alors l'inquiétude face à l'examen je veux bien, mais là ils m'ont carrément fait passer pour une conne. Même pas pour une incompétente, non, pour une conne. Ils ont eu de la chance d'être en écrit de bac blanc, parce que si je les avais eus en face de moi à 10h30, je pense que mes propos n'auraient pas été très éthiques ni responsables. 

Bref, j'ai terminé la matinée en envoyant un SMS à ma collègue, pour m'excuser une nouvelle fois de l'avoir mise en retard à 10h30. Mais je n'ai pas de réponse. Apparemment, encore plus que le mail, le SMS ne suppose pas qu'on y réponde. Au lieu de demander aux terminales "faut-il craindre les machines", on devrait leur demander "à quoi servent les SMS?". Je pense qu'ils seraient resté plus d'une heure...

Publicité
Publicité
Commentaires
La vie ordinaire de prof en ZEP
Publicité
Archives
Publicité