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La vie ordinaire de prof en ZEP
2 mars 2013

Enfin les vacances - ou presque

Après le bac blanc, fin des cours à 12h30. Enfin, 12h15 pour être exact. Les élèves ont un bus à 12h31. Ils courent comme des dératés chaque samedi pour l'attraper, mais là, après une semaine de devoirs et le jour de vacances, j'ai fait preuve d'une grande magnanimité (pléonasme?), et je les ai lâchés un peu - un peu beaucoup - avant la fin de l'heure officielle. Il ne faut pas charrier. Maintenir les cours le samedi qui suit le bac blanc sous prétexte que le lycée est censé être ouvert et doit donc accueillir les élèves, je veux bien être éthique et responsable - j'ai signé pour - mais il y a des limites. 

"Tu n'as qu'à passer un film". Réflexion de maints collègues cette semaine. Certes, mais je ne suis pas payée pour faire de la garderie, surtout deux heures consécutives. Et l'idée même de passer un film pour passer un film, quand bien même il aurait un rapport avec le programme, si ce n'est pas pour l'étudier ensuite, je n'en vois pas l'intérêt. Et l'étudier après 15 jours de vacances, même si j'ai toute confiance en la capacité d'attention et de mémorisation d'une classe de seconde les deux dernières heures de cours de la dernière - et huitième - semaine de cours...cela se passe de commentaires. 

J'ai donc fait cours. Les villes dans le monde. Mumbai, plus précisément. "Madame, pourquoi on ne dit pas Bombay?". Mais PARCE QUE... ce n'est que la troisième ou quatrième fois qu'on tombe sur cet exemple cette année, et que la douzième fois que la question revient sur le tapis. Autre variante "Madame, c'est grave si on dit quand même Bombay?". Personnellement, je n'ai pas de sentiment national indien très marqué en moi, je dirais bien que je m'en contrefiche, mais ce n'est pas politiquement correct. Alors je réponds inlassablement : "on comprendrait, mais les Indiens ont choisi de redonner le nom hindi de la ville, que les colons britanniques avaient dénaturé, il faut donc respecter leur volonté". 

Après quoi j'ai souvent droit à la même question sur Pékin et Beijing. Aujourd'hui, j'avoue, j'ai esquivé, parce qu'introduire la notion de Pinyin à quelques heures des vacances, ce n'est pas le meilleur moment. Ah ils vont souffrir en étudiant la colonisation et la décolonisation l'an prochain : le Dahomey, la Côte d'Or, le Soudan Français qui n'a rien à voir avec le Soudan actuel (qui d'ailleurs est aujourd'hui divisé en deux, pour simplifier la géographie de l'Afrique). 

Bref, Mumbai, ses bidonvilles, son aéroport... Le tout agrémenté de chouettes photographies de manuel scolaire qui donnent envie de voyager, c'est bien connu : une ruelle bien pauvre avec un égout à ciel ouvert, des petits enfants en haillons décharnés juste comme il faut - pas trop, ce n'est pas une pub pour une ONG. 

Etude de cas suivie d'une "mise en perspective" à l'échelle mondiale : la croissance urbaine dans le monde, avec un beau planisphère qui présente le taux d'urbanisation et le taux de croissance urbaine, ainsi que les principales agglomérations dans le monde. Et pour finir l'heure, un petit exercice : "décrivez l'urbanisation dans le monde". Grosse panique à bord : je leur demande la lune. Pire, le système solaire dans son ensemble : "mais madame, on n'a jamais fait ça". Ben oui, il faut un début à tout. Et vous savez le faire, on le fait depuis le début de l'année à l'oral, mais seuls quelques-uns parmi vous écoutent, donc là, vous prenez tous un stylo et vous décrivez la carte, en suivant la légende et en découpant le planisphère par continent. "Ah, ce n'est que ça...". Eh bien oui, ce n'est que ça. Allez, encore quelques minutes, et vous pourrez faire la leçon aux TL. "Ce n'est que ça...". Ils ont compris qu'on ne leur demande pas la lune. Seulement la terre. Ce n'est que de la GEO-graphie, après tout! 

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