Journées portes ouvertes

C'est une coutume depuis quelques années maintenant : les journées portes ouvertes. Je n'ai pas souvenir que ça existait "de mon temps". Ou je ne m'en suis jamais préoccupée? En tout cas, ça ne bouleversait pas l'emploi du temps de tout un établissement. Car outre les changements de salle intempestifs, il y a une grosse réquisition d'élèves - le plus souvent pris dans les mêmes classes, allez savoir pourquoi. Ils sont censés "faire visiter le lycée". Deux étages, un unique couloir, pas d'installations extérieures du genre gymnase ou cantine, c'est de la grande visite. 

Bref, il faut paraître attractif pour que les collégiens des alentours s'inscrivent chez nous. Et éviter une mini "fuite des cerveaux". Ok, c'est pas politiquement correct, mais c'est l'idée : les élèves qui ne viennent pas chez nous sont ceux dont les parents connaissent le système, donc ceux qui ont fait des études et/ou sont impliqués dans les associations de parents d'élèves. Sociologiquement parlant, il y a une forte probabilité que ce ne soient pas les plus mauvais élèves! 

Petite satisfaction personnelle néanmoins : certains parents venus se renseigner pour la section européenne savaient déjà qu'il y avait un enseignement en anglais dans une discipline, et pas seulement du renforcement de langue. J'ai donc eu un peu l'impression de ne pas seulement faire la potiche, et ce fut aussi l'occasion de montrer à ma collègue que lentement mais sûrement, si on ne travaille pas plus ensemble, elle va perdre ses heures de renforcement de langue au profit de la discipline non linguistique, quelle qu'elle soit. Car si je suis entièrement d'accord sur le fait que nos élèves ont besoin d'un renforcement en langue, ils ont aussi besoin, et surtout en terminale, d'étudier les fondamentaux de la discipline non linguistique, et de faire le programme l'année de l'examen... Il faudra donc qu'elle accepte enfin de se renseigner sur ce qu'est l'épreuve finale du baccalauréat et qu'elle prenne le temps d'une sérieuse concertation, autrement qu'entre deux portes, le temps d'un interclasse. Parce que cette année en première, elle a une heure de langue quand je n'ai qu'une demi-heure d'histoire, ce qui revient à une heure quinzaine, qui plus est le vendredi à 17h quand 3/4 des élèves ont deux heures de trou avant ce cours. On imagine facilement l'attention qu'ils portent à ces leçons. Et je n'arrive même plus à leur en vouloir. Il faut dire que ma fatigue me fait perdre en combattivité. 

J'ai donc profité d'un rendez-vous - manqué, il n'était pas là - avec l'intendant à 11h pour demander l'autorisation officielle de quitter les lieux. Autorisation obtenue! Suis donc arrivée chez moi à une heure décente pour déjeûner, et j'ai pu, pour la première fois depuis bien longtemps, profiter vraiment de mon samedi après-midi. Une fois n'est pas coutume, les copies attendront. Priorité à la bonne humeur.